ou le doux retour d'un homme au masculin...

jeudi 26 octobre 2006

les aventures du tueur

Un long cable blanc a traversé mon appartement ces derniers soirs. Il est long de quelques mètres, un peu tordu, et on se prend facilement les pieds dedans. C'est pour ça qu'il est rarement là. C'est le câble de la télévision. Deux soirs de suite la télévision m'a emmené dans une aventure de maître du monde (et vous aussi peut être). Et si un jour, l'ambition vous prend d'être chef d'état, comment faire, quelle est la méthode, quel est le truc, et surtout comme à tous les jeux, comment on triche ? Chirac était communiste au début, trouvait les socialistes trop à droite, et s'est retrouvé au cabinet de Pompidou. Alors il a fait carrière chez les gaullistes.
Car il s'agît bien là de carrière, et pas d'autre chose. Sans doute la démocratie sera-t-elle sauvée le jour ou aucun mandat ne sera renouvelable ni cumulable. Ce jour là il sera impossible de faire "carrière" dans la politique. Parce que c'est trop important quand même.

Moi qui m'insurge au quotidien déjà contre ces architectes en 4x4 mercedes, habillés en noir intégral (sauf un cheveu doré sur l'épaule, de leur dernière conquète), qui n'ont aucun idéal, aucune utopie et pire aucune poésie à raconter dans leur travail, qui sont contre l'innovation sauf si ça paye mieux, qui sont contre l'invention sauf si on dit que ça vient d'eux, qui sont contre l'affection parceque ça ternit leur image de mâle dominant, qui ne veulent se différencier que par leur compte en banque de leurs accolytes et confrères moins talentueux pour les affaires. La morale et la justice n'ont aucune place dans ce monde là, où tout est vénal et sirupeux. Beaucoup de ces gens là sont responsables de la pauvreté abyssale de l'architecture française (et internationale), du mensonge honteux de la construction à Haute Qualité Environnementale (qui n'a d'écolo que le vert du logo), de la tristesse des villes et du kitch des campagnes. L'architecture la pire est celle que l'on fait pour soi et pas pour les autres, et ces architectes là pourrissent ce métier, les espoirs qui quelque fois l'animent, et les utopies qui plannent et fascinent. Encore si ça en restait à celui qui a la plus grosse ou qui pisse le plus loin (car il s'agît bien de ça)... Mais ces batraciens emmerdent le monde entier avec leurs jeux de débiles et leurs frustrations d'enfants. Un peu de dignité d'honneur et de rêve, que diable, messieurs !

Bon. Les reportages sur Chirac m'ont vraiment donné ce même sentiment : voilà des gens qui font de la politique comme ils auraient fait commercial ou troufion, pour faire carrière. Et l'échec est total, puisqu'à l'instar de Sarkozy (bientôt sur vos écrans), Chirac voulait le pouvoir mais ne savait pas quoi en faire...

Messieurs,
Pour être fiers, pour être beaux, pour réussir à vous aimer, vous animez le monde entier de vos postures, de vos voitures, de votre mauvaise foi. Réalisez vous que par l'énergie que dégage votre ambition vous écrasez tout ce qui est neuf et qui fait espoir ? Vous rendez vous compte que pour votre bien fugace et immédiat vous êtes l'acteur majeur de notre décadence commune ? Comment pouvez-vous en conscience agir de la sorte, comment être comme ça peut vous aider à aller mieux ?
Fausse grandeur, supers menteurs, vous êtes messieurs, des imposteurs.

samedi 21 octobre 2006

les aventures du cheval qui passe





mercredi 18 octobre 2006

les aventures d'un bonhomme

Ce soir la vie m'a offert une soirée libre et inattendue. Comme finalement ni rien ni personne n'allait partager ces quelques heures avec moi, j'ai retrouvé avec un plaisir concupiscent cette solitude que je fuis pourtant trop souvent. M'en réjouissant d'avance, dès la sortie de mon atelier, j'ai été passer une minute avec le caissier rebondi de la Vie Claire, histoire de lui acheter deux galettes d'épeautre. Cet homme paraît un peu simplet mais dégage une bonhomie surnaturelle. J'ai ensuite poussé la porte de la boulangerie traditionnelle de ma rue, pour acheter du pain bio à cet homme qui en plein centre ville et avec une tête de déterré des monts d'Arrées vend un pain vrai, fait de ses mains.
Mais le meilleur, et le plus rayonnant, est le crémier (et si, ça existe encore), qui semblait m'attendre dans sa toute petite boutique avec sa toute petite moustache. Le complimentant sur l'odeur absolument géniale qui régnait là fait, je comptais bien me rendre très sympathique à ses yeux, sachant qu'un fromager attentionné en vaut deux
. Quelle ne fût pas ma satisfaction alors quand il s'épancha à me raconter l'histoire de ses deux comtés, aux affinages si différents, avec le sourire du passionné qui a trouvé un amateur, fier et attentionné. Un petit bout de chacun des deux comtés en poche, je me jetais sur la vaisselle, qui m'attendait depuis bien plus longtemps que le petit fromager. Comme si pour profiter suffisamment de cette soirée gratuite il ne fallait que rien de tourmenteux ne taraude mon esprit.
Dans le canapé depuis trois heures et après avoir laissé fondre les comtés parfumés dans ma bouche en extase, j'ai alors lu un livre, acheté ce midi pour sa belle couverture.
Il doit arriver souvent que quelqu'un vous conseille un
livre. Alors je n'en fais rien, pour ne pas faire comme tout le monde, mais je vous laisse juste entendre que le plaisir que j'ai eu à le lire, la respiration magnifique qui s'est faite dans mon corps, le sentiment de justesse, d'humanité, et d'amour total furent une expérience précieuse, et qui me suivra sûrement pendant plusieurs jours encore...





lundi 16 octobre 2006

les aventures du poulailler

Quand le soleil est à son zénith, quand la chaleur étouffe la ville, les hommes de l'occident sortent de leurs bureaux, pour chercher à manger et trouver un peu d'espace pour profiter de leur heure de repos. Ils se mettent alors à la recherche de nourriture bon marché et souvent de piètre qualité, et dès leur dévolu jeté sur l'un des produits proposé sans sourire par l'un des nombreux commerçants, partent en marchant de manière un peu chaotique en essayant tant bien que mal d'attaquer leur repas sans faire couler de mayonnaise. Les hommes de l'occident sont alors souvent grimaçants.
De rares bancs disposés ça et là sont l'occasion d'une lutte de pouvoir, jeu dont les hommes de l'occident sont friands. Repus, les vainqueurs s'assoient, s'allongent, et l'air de rien, ou de pas grand chose, se lovent au soleil.
Contemplateur ce midi, j'ai en les observant rêvé de voyages, alors sur un recoin de banc que personne n'avait remarqué, je me suis, fourbe, allongé.
Quand je me suis reveillé, en lieu et place de la basse cour en costume gris anthracite qui piaillait, dans un autre pays, sous un autre soleil, un homme alluma sa radio, assis vieux et beau. Et son regard et son sourire complices, et mon regard et mon sourire complices, nous ont fait rire.

jeudi 12 octobre 2006

les aventures de la charette

Il y a bien longtemps le monde des études en architecture tournait essentiellement autour de l'école des beaux-arts de Paris, section architecture. Tout un vocabulaire en est issu, dont certains reliquats continuent à sonner quotidiennement dans nos oreilles de jeunes archis. Certains bien sur sont aussi utilisés dans d'autres milieux, mais un livre récent répertorie les origines de certains de ces mots, les ratachant irrémédiablement au petit et grand monde des architectes. Je vais essayer d'en retrouver le nom et l'auteur pour bientôt, là ça ne fait pas très serieux...
Il est en tous les cas expliqué dans ce petit livre, outre l'orgine de dessineux, kutch, et autres panets et fanfares, l'origine de la charette. C'est sans doute le mot le plus fort de ce vocabulaire des architectes, que l'on utilise, nous, tous les jours et qui s'est répandu dans beaucoup d'autres domaines. C'est en vérité à cette époque révolue des BA de Paris, que les étudiants le matin tôt pour les rendus devaient amener à l'école leurs travaux, souvent sous la forme de pannets (planches graphiques fixées sur des panneaux rigides de grande taille, A0 ou autres) et de maquettes. Ils trouvaient pour se faire d'un coté une charette, louée ou empruntée aux marchands de primeurs qui pulullaient dans le quartier, et d'un autre un première année pour la tirer jusqu'à l'école ! On assistait ainsi dans les rues autour des BA certains matins à de véritables ruées de charettes pleines de maquettes arrivant sur les pavés et très en retard pour le rendu. Mon dieu comme dans le temps la vie avait du chââârme.
Aujourd'hui une charette c'est simplement l'activité qui consiste à travailler jusque tard dans la nuit à un rendu de concours parce qu'on est très en retard, et qui s'accompagne en général d'une certaine convivialité teintée de nervosité et de fatigue. Essentielle à la vie de l'architecte qui s'il ne la pratique pas s'étiole, la charette est un des piliers de nos vies. Et, pour la plupart et tant que ça reste relativement exceptionnel, nous l'aimons, enfin je crois.
Pour concire le propos, je n'ai pas assez dormi cette nuit, mais bon dieu quel beau boulot on a fait ! Si avec ça on gagne pas !

lundi 9 octobre 2006

les aventures de la liberté

Je prend la liberté de diffuser ce dessin...


vendredi 6 octobre 2006

les aventures du capital

Hier soir à la radio on pouvait (tous, c'est gratuit !) écouter Alain Krivine, porte parole de la LCR. Lui et le journaliste, dont le nom m'échappe, ont réussi à être assez pédagogiques sur les différences que l'on fait aujourd'hui entre socialisme, communisme et trotskisme. En gros il s'agît ici (le trotskisme) d'un idéal de société basé sur deux principes, le partage des richesses et la démocratie (dixit Krivine hier soir) . Quoi de plus louable ? Qui ne rêve pas de ça ? (si en fait j'en connais qui ne rêvent pas de ça du tout, il m'arrive même de leur serrer la main et de travailler pour eux, honte sur moi.)
J'ai pourtant senti, et c'est ce qui me dérange souvent dans le discours de ce qu'on appelle communément l'extrème gauche, dans les réponses de Krivine qu'au delà de l'idéal, que je serais assez prêt à partager, il y avait une manière d'y arriver, par la révolution.
Si la révolution est dans les esprits et dans les consciences, alors je pense que ça a une chance d'aboutir, et que beaucoup de gens non politisés y travaillent déjà, honnètement et en transparence, la première chose et la plus efficace étant sans doute de faire la révolution dans sa tête à soi.
Si cette révolution se doit de rejoindre le fantasme des "drapeaux du grand soir, y'en avait des rouges, y'en avait des noirs", alors je crains l'échec cuisant, car la violence ne mène à rien, car beaucoup auront tendance à se ranger alors du coté des faibles et ce seront alors les "bourgeois", et car une société enfin empreinte d'égalité de liberté et de fraternité (car il s'agît bien de cela, non ?) ne pourra naître, à mon humble avis de citoyen, si elle est dirigée (oui d'une certaine manière je suis anarchiste, mais anarchiste profondémment non-violent) . Si c'est encore une fois une "classe" qui prend le pouvoir sur les autres, c'est raté (relisez Orwell) ...
Certains philosophes des lumières (on a pas inventé grand chose depuis en politique) prônaient un despotisme éclairé (Voltaire en particulier si mes souvenirs sont bons). C'est un rêve, mais ce despote n'existe pas, et tant mieux. Ou alors ce pourrait être un despote dématerialisé, une idée, une charte, une conscience...
Le but de mon discours est finalement peut être de dire que l'idéal existe, qu'il est commun à beaucoup, et qu'il faut commencer maintenant, mais à son échelle et sans essayer de diriger d'autres. Je rejoins là-dessus Hundertwasser qui disait que le problème vient de ce que nous ne sommes pas tous créatifs et créateurs. La société de consommation n'a de cesse que de nous donner des réflexes et des solutions toutes faites, pour nous éviter de réfléchir, et de créer. Et je ne parle pas de la tradition judéo-chrétienne de culpabilisation. La création épanouît et rend moins con. Je me souvient avoir lu un conseil aux jeunes parents sur la réaction à avoir quand le petit montre son caca avec fierté. C'est sa première création, c'est la première chose qui sort de lui, qui est à lui. Rejetez-le et il sera complexé à jamais, félicitez-le et il sera créatif.
Arréter la télé déjà, est un grand pas.
On va pas attendre un grand soir qui ne viendra pas, le chemin vers l'utopie est déjà là.
Alors marchons, créons !

mardi 3 octobre 2006

pays conquis

Une course à faire, banquière, pas le choix, un quart d'heure de ballade au beau milieu de la matinée studieuse du jeune architecte dessinant le futur de Ploërmel.
Une matinée comme vraiment plein d'autres, c'est ce qui fait son charme, pas d'enjeu pas de stress, si on aime la vie, on apprécie...
Me voilà dehors, dans ma grande veste verte, sac en bandoulière, en marche vers ma nouvelle carte bancaire. Aventure, grands espaces, ... Je réalise alors qu'il est très rare que je sois dans la rue à cette heure là d'une matinée comme tant d'autres, dans la ville. Rassurez vous, il fait gris et il y a du vent.
Une réalité me saute au visage, quelque chose cloche, d'habitude, enfin de mon habitude, les rues sont peuplées de gens, lesquels sont tous différents, et par défaut sympathiques, souvent il y a des jeunes des vieux, des gens habillés en rose, ou en gris, des gens qui regardent le ciel, d'autres leurs pieds, des qui marchent, d'autres qui parlent, certains mangent des sandwichs, ceux qui longent les murs, et ceux qui flanent...
Là, stupeur et petite gène, devant moi est disposée, mouvante et vivante, une toute petite foule de femmes. Il y a là quelques femmes au foyer, une ou deux qui cherchent du travail, quelques pépettes qui sèchent les cours, beaucoup de femme agées malines (malines parce qu'elles font leurs courses le mardi matin et non pas aux jours et heures où il y a déjà un monde fou)... Que des femmes ! Même les gens assimilables à des gens là par hasard, comme moi, sont tous des femmes, sauf moi. Je cherche alors des yeux un mâle avec qui m'étonner de ce monopole, je cherche à fonder une communauté minoritaire, qui pourra ensuite être contestataire et avoir sa propre chaine de télé cablée... mais point d'homme dans le tableau.
Si, au bout du boulevard de la Liberté, une fesse sur sa voiture berline luxe foncée qui brille, un type téléphone bruyamment, comme au beau milieu de la basse cour, en jetant des regards mouillés de désir au moindre jupon qui passe. Je fais de mon mieux pour ne pas faire de même, si c'est avec ce genre de gens que je dois fonder ma minorité, merci bien mais je préfère assumer mon rôle de dernier mâle reproducteur du boulevard de la liberté, et en subir les obligations dans l'heure. Le type est tellement plus différent de moi que ne le sont les femmes, dames et filles qui m'entourent que je me sens finalement très bien au milieu de ce gynécée.
C'est, une fois le facheux dépassé, un regard franc et gentil que j'aborde mon tournant à droite, vers la banque (j'ai toujours réussi à m'arranger pour que la banque soit à droite, et la librairie à gauche, ça me fait rêver d'une carrière parlementaire). Le peu d'attention que je porte à la plupart des choses qui se passent dans cette rue est du en partie au fait que je passe devant un magasin d'"articles de cave", et qu'ils ont de beaux tire bouchons.
La banque est, mais je ne feins même pas la surprise, pleine de femmes. Des deux hôtesses je ne sais par le regard de laquelle me laisser envouter, et mon choix fait, il me suffit de dire ce que viens faire là pour qu'elle se retourne et fouille dans son grand tirroir en mélaminé compressé imitation ton bois clair. Alors que ma morale refuse de la regarder de dos, j'entend derrière moi la double porte automatique s'ouvrir, un courant d'air frais souffler sur les guichets, puis la porte se refermer. Un homme vient d'entrer. Je me concentre pour lui faire face, je pose machinalement mon portefeuille sur la banque d'acceuil, pour avoir les deux mains libres si ça dégénère, d'un oeil gauche (pour plus de sureté) je vérifie que la caméra de surveillance est allumée, et je tourne la tête, pret à défendre mon statut de gardien de mes amazones. Surprise encore, c'est mon banquier, je le connais, ne tirez pas. Il me regarde en souriant, me dit bonjour, cherche par un mouvement léger du sourcil droit à s'encquérir d'éventuels grands projets financiers dont j'aurais gardé le secret jusqu'à maintenant mais que j'aurais pris la grave décision de porter au grand jour maintenant, en le choisissant lui comme premier apôtre. Mais mon compte en banque ne fera jamais fantasmer les banquiers. Déçu mais un peu soulagé, il sautille vers son bureau et s'y enferme, surement peu accoutumé à une telle omniprésence féminine.
Ma carte bancaire m'arrive dans les mains comme un pétale sur un étang calme, le sourire de la demoiselle effleure mes lèvres en un rêve partagé, et je repars chantant, dans la rue fraiche et claire de cette matinée comme une autre.
Tout se complique pourtant dans ma tête quand par hasard je le jure, je me retrouve marchant derrière de belles fesses. Ces expériences malheureuses qui me mènent si souvent à reconsidérer mon appartenance au règne animal, se faisaient rares en ce début d'automne, mais là c'est une gentille extase. Malgré moi je ralenti le pas pour me mettre dans le sien, je suis envouté.
Souvent, si souvent, la chaleur qui s'installe dans mon coeur dans ces instants bénis se dissipent à la vue du visage de la demoiselle, tant il faut bien avouer que je suis beaucoup plus exigeant en matière de faciès que de fessiers. Pourtant je la dépasse, jette un petit regard à gauche pour découvrir ses yeux... elle est belle ! Mon dieu si tu existes c'est vrai que je ne crois plus en toi depuis longtemps et que je ne fais vraiment jamais ma prière mais si tu existes, fais quelque chose, c'est l'occaz de me donner la foi !
Hélas dans ces cas là il faut s'aider soi même pour que le ciel s'en mèle, et mon travail déjà me rattrappe, ma timidité prend le contrôle, et c'est d'un pas pressé, presque apeuré, que je regagne ma table à dessin.
Mon plan masse me semble bien triste tout à coup.
Tiens je vais le refaire avec des courbes...